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Identité Européenne (Pour Dialogiques) by Baptiste Marrey

I.

L'Europe, malgré toutes les difficultés, s'est affirmée, au cours des 30 dernières années comme un ensemble de pays démocratiques respectueux des droits de l'homme et comme un pτle de développement économique, scientifique et technologique.

Ayant ΰ resoundre d'innombrables problèmes, ses responsables et ses peuples, ont fait l’impasse sur les annees qui precιdaient immédiatement cette période de paix et de développement. L'Europe d'aujourd'hui se comporte comme si le nazisme et le stalinisme (responsables des 100 millions de morts de 1930 ΰ 1950 - c'était hier) n'étaient pas NT sous son sol, n'y avaient pas trouvι le terreau, les conditions économiques, culturelles et politiques, pour prospιrer, et surtout comme si cet "accident historique" n'avait pas eu de suites, n'avait pas laissι de miasmes, n'était pas reproductible, ici ou ailleurs, comme si l'Europιen d'aujourd'hui dans son comportement et sa morale, était intact - comme si il avait ιtι possible de pratiquer pendant vingt ans la politique de la soumission entiθre (foi et morale incluses) ΰ l'Etat, sans que racines morales systιmatiquement coupιes, il n'en restait pas fatalement quelque chose.

Au moment oω l'histoire est peu ou mal enseignιe (en France, tout au moins), oω le renouvellement des gιnιrations accιlθre l'oubli, oω les tιmoins (par exemple des dιportations) disparaissent, il est important que l'histoire de ce siθcle qui, dans le sang et les ruines a accouchι de notre Europe, soit clarifiιe, précisée, expliquée. En somme que les erreurs et les fautes passées ne continuent pas de pourrir (dans les consciences et parfois dans les faits) le pressenti et l'avenir Européens.

Dans cette perspective historique, il est visible aujourd'hui que le triptyque - "religion - état - nationalisme", neglege comme obsolète est redevenu, sous bien des aspects, potentiellement explosif et que, pour cette raison, on se garde d'en examiner les causes et les effets avec objectivité et rigueur, tant qu'il en est temps encore. Sans cette connaissance, le drame bosniaque, les rapports Serbie Russie, ou Grece-Macedoine sont incompréhensible (par exemple).

 

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II.

 

L'histoire des environnements passes est d'habitude enseigne ou "l'intérieur" de chaque nation et de chaque religion. Sur l'opposition séculaire franco-allemande, il existe ainsi des livres français et des livres allemands (parfois des livres américains qui ont plus de distance), pas de livres ou d'études franco-allemands. Je ne parle pas de l'ignorance quasi totale du Français même cultive sur l'histoire récente (un demi-siècle) de la Hongrie, de la Finlande, ou même de l'Autriche et de la Suède. L'inverse est sans doute vrai également.

Un premier essai a eu lieu crément près de Reims: une commande a été passée a un sculpteur pour commencer la reddition des armées nazies en 1945 et le point de vue des autorités allemandes a été sollicite. Partant de ce schéma, il apprêt aussitôt que, si on souhaite multiplier et développer des exemples similaires, le Conseil de l'Europe occupe, sur ce terrain particulier une position idéale: au dessus des nations et religions a elles, n'ayant a defender aucune position nationaliste ou religieuse, sinon des principes généraux d'objectivité et de tolérance, il est par définition transfrontalier. Sous le patronage du Conseil de l'Europe, des associations, comme Dialogiques, ou comme celle de nos amis belges, pourraient prendre l'initiative, dans (et avec) plusieurs pays européens, de rencontres inter nations, afin d'explorer le domaine de l'Histoire multi regards et de la mémoire plurielle.

Ces rencontres, ces séminaires, ces ateliers - peut-être serait-il préférable de commencer modestement par des ateliers - devraient se dérouler dans des lieux symboliques, choisis moins pour la qualité de leurs édifices patrimoniaux que pour les traces, parfois douloureuses que l'Histoire y a laissées.

 

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III.

 

Je propose ici quelques exemples concrets qui ne sont peut-être pas les plus faciles a mettre en oeuvre mais a partir desquels, on peut imaginer d'autres thèmes plus pertinents (ou moins "brûlants").

 

Anciens

 

- le calvinisme, ses ramifications hors Genf, par exemple, en Hongrie ou chez les Tchèques

(Via le hussisme);

- Islam et Europe, qui pourrait trouver une première approche à travers Saint-Jacques de Compostelle (influences arabes, séfarades, conséquences des persécutions et du refus de la culture plurielle);

- Chypre, creuset de l'Europe, puisqu'on y retrouve des influences et des réalisations grecques, byzantines et franques, vénitiennes, ottomanes (et donc des temples, des chapelles, des cathédrales et des mosquées).

 

Contemporains

 

- les camps pyrénéens français (1937-1942) portes de l'exil: les victimes du franquisme et du nazisme et leurs rapports avec la démocratie (le suicide de Walter Benjamin a la frontière franco-espagnole etc.);

- la culture dissidente dans les pays de l'Est (un cycle qui commencerait par la Russie?) aussi mal connue de l'Ouest que des jeunes citoyens de l'Est;

- l'oeuvre d'Andric, romancier serbe, prix Nobel, natif de Travnik au centre de la Bosnie-Herzégovine. Son oeuvre illustre parfaitement la faille (le point de rencontre entre catholicisme - croate -, orthodoxie - serbe -, et Islam, suite à l'occupation turque) ou tous les éléments du isthme que l'on sait étaient programmes;

- la neutralité scandinave (1945-1989): les rapports difficiles, déjà oublies, entre la démocratie (et ses faiblesses) et le totalitarisme (et ses pressions militaires et idéologiques).

 

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IV.

 

La mise en place d'une telle "campagne" politico culturelle pourrait:

- commercer par une stance de remue-méninges a Athènes, ou Delphes, des participants d'aujourd'hui, renforces par quelques historiens;

- prolonger par un séminaires ou un atelier sur l'un des sujets retenus, atelier organise sur place (St Jacques, Chypre, Travnik, etc.). Les participants seraient majoritairement des historiens, des théologiens, des artistes (écrivains inclus) des nations et religions concertateurs. Des fonctionnaires et des politiques compléteraient le groupe qui aurait pour mission d'analyser la situation ancienne et ses conséquences sur le pressent, de faire des propositions quant a sa traduction publique: lieu de rencontres, commande publique, manifestations artistiques, séries radiophoniques ou télévision, etc.

- Cette politique pourrait être complet par la publication d'une collection historique (en plusieurs langues), fruit de ces ateliers; de la reconnaissance par un label d'initiatives conformes a l'esprit de cette "histoire multi regards" (comme le monument de Reims dont je parlais au début), etc.

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Il parait difficile que les responsables européens continuent a agir et a penser comme si les dangers qui les guettent, ne les concernaient pas. Cette note essaie de trouver quelques moyens, simples, de les comprendre et au moins de repérer leurs racines toujours vivaces.

 

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